A la faucheuse
Un poème de Bernard Sellier
Sortant d'une séance où il avait assité au film de Jean-Paul Rappeneau, Bernard Sellier, qui aime à associer poèsie et cinéma, a imaginé ce qu'aurait pu nous dire Cyrano, juste avant d'aller retrouver « Socrate et Galilée ».
Vous qui me connaissez et goûtez mes bons mots,
Vous qui savez l'amour que je porte à la vie,
Avez beaucoup pleuré, lorsque Dame à la Faux,
M'accorda rendez-vous pour l'ultime folie .
J'avais, jusqu'à ce jour, certaine répulsion
Pour ce voyage astral hautement fréquenté.
Mais un savant se doit d'accepter la mission
D'informer les humains sur toute vérité .
Traverser le Léthé m'attire, je l'avoue.
C'est vrai, le choix du risque excite mes papilles.
Pour ce grand périple inconnu, je me dévoue.
Mes habits sont usés, mais ma longue épée brille.
Avant que de vous suivre en ces contrées perdues,
Où le c?ur le plus dur frissonne et se lamente,
Voici mes conditions ! Pas une n'est indue,
Egoïste et stupide, ou bien même aberrante !
Je suivrai pas à pas, aux lieux par vous choisis,
Sans ménager ma peine et sans aucune plainte,
Nuit et jour s'il le faut. Enfer ou Paradis,
L'endroit m'importe peu, je domine la crainte !
Il n'est pas de recoins qui me seront celés,
Mes yeux contempleront le fond de l'univers,
Les Anges et Démons qui peuplent les contrées,
Où sont précipités les bons et les pervers.
Je suis explorateur, curieux de nature.
Sur un blanc parchemin point par point noterai
Les merveilleux secrets qui forment l'ossature
De ce monde inconnu, mortel, qui nous effraie.
Aux divers Avatars, vous me présenterez :
Zoroastre et Jésus, Mahomet ou Bouddha?
Entre brillants esprits, nous pourrons disséquer
De la création, les humains résultats.
Puis revenant sur terre au sein d'une nuée d'or,
Le regard ébloui de ce divin parcours,
A tous je décrirai les célestes trésors,
Qui enlumineront leur éternel séjour.
Aurais-je mal ouï ? Demande rejetée ?
On me prétend couard, moi qui ai par cent fois
Affronté l'ennemi, son fer ou ses mousquets ?
D'une telle pensée, je demeure pantois !
Sur un seul point, j'admets que je suis en colère.
J'ai toujours choisi seul le sentier de ma vie !
C'est vrai, la mort m'ennuie, ou plutôt m'exaspère,
Elle dicte sa loi et j'en suis bien marri !
La Faucheuse n'est pas femme de compromis.
Il me faut cette fois tirer ma révérence !
Je vous dis au revoir, chers et nobles amis.
Dans les jardins fleuris du Ciel je vous devance?
Bernard SELLIER
20/07/2003 (Copyright © Bernard Sellier)
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FRANCE
Bernard Sellier
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Publié le 04 / 05 / 2005.
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