1985 - Jean-Claude Drouot
Reims
Celui qui fut d'abord Thierry La Fronde a su s'échapper de ce feuilleton de la belle époque du noir et blanc, pour réussir une belle carrière et portant de nombreux grands rôles, notamment à la télévision. Avant de monter Cyrano dans "sa" maison de la culture de Reims, il avait été Cyrano dès 1979, en tournée avec les fameux Trétaux de France.
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Singulière fascination, irrésistible et irraisonnable engouement
pour ce personnage bizarre,
tout hérissé de colère, bariolé de drôlerie, de douleur et d'humour.
Brave, insolent, agressif,
Cyrano, de Bergerac
ou d'ailleurs. D'un Ailleurs
Cyrano de partout.
Et ton nez, Cyrano (tu pâlis Cléopatre),
Ce trop fameux nez que nulle chirurgie inesthétique
ne pourrait réduire, car il est une excroissance phénoménale,
intarissable, divine rallonge, exagération nécessaire, rut de l'âme.
Fierté encore, lyrisme toujours.
Pittoresque envol,
Nez postiche, nez andouille, nez gargouille.
Cyrano le Matamore,
faisant le pitre, bouffonnant, pastiche, parodique, cocasse,
dérisoire Ubu.
Se théâtralisant,
Cyrano le Théâtre.
Cyrano de Lune,
Cyrano la pudeur,
amoureux sans espoir
mais grand explorateur du cur des espaces interstellaires.
Cyrano du secret.
Sublime Cyrano.
Voilà bien le mot d'ordre, l'unique, le premier, le dernier.
Sublimation, sacrifice-élévation, sacrifice-dépassement de soi, en apesanteur.
Ame tendue, cabrée, cambrée.
Paradoxal Hercule Savinien de Cyrano de Bergerac
agressivité/générosité.
Exemplaire jusque dans sa faiblesse,
il est la part la plus authentique de nous,
il nous chante dans notre plus ardente nostalgie,
rêves inavoués, inachevés, enfouis.
Immense cri de tendresse et de détresse.
Appel au monde.
Il nous exprime jusque dans l'échec de nos rêves misérablement sans ailes.
Cyrano nous grandit.
Il nous rend meilleur.
Jean-Claude Drouot, in programme du spectacle.
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FRANCE
Publié le 13 / 02 / 2005.
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