Charles Nodier et Cyrano
On commence à parler de lui.
Un article de Charles Nodier, dans la Revue de Paris d'août 1831, annonce quelques indices sur la personnalité de notre Cyrano, un précurseur méconnu, victime de sa fierté.
« Il y avait une fois un cheval de bois qui porta dans ses flancs tous les conquérants d'Ilion et qui n'eut point de part au triomphe. Ceci commence comme un conte de fées, et cependant c'est une histoire.
Pauvre cheval de bois, pauvre Cyrano !
Que s'il avait fait valoir, aux dépens de son honneur, la tutelle obligeante [...] de M. le maréchal de Gassion, et fréquenté sous [ses] auspices quelque bureau de pédants favorisés de la clientèle d'un grand seigneur ou avantageusement noté dans la plate gazette de Loret ;
S'il avait, l'infortuné ! doté de quelques vers d' la boutique des Cinq Auteurs et l'atelier magique du cardinal ;
S'il avait seulement résumé son génie dans le sonnet sans défaut qui vaut seul un long poème [...] ;
Alors il eût pu vieillir doucement, dignement, plein de jours, choyé, prôné, pensionné [...].
Il mourut de chagrin, de misère et peut-être de faim [...].
Pourquoi tenter aussi la carrière des lettres, quand on à le malheur d'y porter un caractère qui ne sympathise pas avec le monde et une liberté d'âme incapable de souplesse ?
Que diable allait-il faire en cette galère ?
Pauvre Cyrano ! »
Voilà donc à peu près toute l'histoire, l'argument de la pièce. Il y manque encore le sacrifice amoureux - et le nez qu'inventera bientôt Gautier.
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Ludovic Diamant-Berger
Publié le 30 / 04 / 2005.
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