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Une vilaine caricature de Cyrano

Adaptation pour les adolescents de Geraldine McCaughrean

Sous le titre de Cyrano est paru en janvier 2006, chez Oxford University Press, un roman en anglais destiné aux jeunes lecteurs. A lire la critique qu'en fait ici Faustina Fiore, l'auteures semble dénuée "de fierté, d'envol, de lyrisme, de pittoresque, d'étincelle, de somptuosité..." Pour le nez, nous n'en savons rien !


Si l'on estime que le style d'Edmond Rostand, certes magnifique, n'est pas très accessible aux enfants, l'idée de leur raconter, avec d'autres mots, la sublime histoire de Cyrano, Roxane et Christian n'est pas absurde. Mais pour quels enfants Geraldine McCaughrean écrit-elle ? Si c'est pour des enfants de 8 à 10 ans, son roman n'est pas plus accessible que la pièce ; et si c'est pour des adolescents déjà en âge de lire l'original, son roman ne sert à rien.



L'auteure veut éviter le plagiat ? Soit ! Elle aurait pu, par exemple, hisser au rang de narrateur l'un des personnages entourant Cyrano, Le Bret ou Ragueneau, ou même une religieuse ; mais elle a choisi une autre voie : celle de la morosité. Sus à l'originalité semble être son mot d'ordre.



Geraldine McCaughrean va donc nous raconter l'histoire presque exactement telle qu'elle nous est présentée dans la pièce, mais en retranchant ici, en rajoutant là, jusqu'à faire de l'?uvre originale un porridge impossible à digérer !

- Des scènes non indispensables ? selon elle - ont été coupées, certains éléments ont été simplifiés, et des personnages sont passés à la trappe. Cela ne pose pas de problème de compréhension, mais on peut regretter la disparition de tous les personnages drôles ou sympathiques, tels Ragueneau ou la duègne...

- Des scènes et des monologues ont été ajoutés. Raconter la bataille de Cyrano contre les cent hommes, ou ajouter un chapitre de transition (avant l'équivalent du dernier acte), pourquoi pas ? Le problème, c'est que l'auteure nous impose d'interminables passages narratifs qui nous expliquent, décrivent et commentent les sentiments intimes des personnages. Tout le bénéfice des coupes est perdu et, surtout, on a assez nettement l'impression que Geraldine McCaughrean prend le lecteur pour un imbécile.

- Le style a été simplifié. Vu l'objectif, c'était indispensable. Mais fallait-il, pour faire simple, faire plat ? « Cent hommes ? Quel courage ! » « Oh, j'ai fait mieux depuis » devient, sous la plume assassine : « Pour l'amour de Dieu, dites-lui qu'il m'écrive ! » « Qu'est-ce que Dieu a à voir dans tout cela ? » Tout est à l'avenant : c'est plat, banal, ennuyeux, navrant.

- Les personnages ont été grossièrement caricaturés. Les adolescents sont-ils incapables de comprendre les nuances ? L'auteure en a jugé ainsi. Donc : exit la Roxane qui passe de la futilité à la grandeur d'âme en découvrant l'amour. Elle ne sera ni coquette, ni précieuse. De Guiche, lui, sera un affreux bonhomme, un point c'est tout. La transformation la plus pénible est celle de Christian. Pour que le contraste avec Cyrano soit plus frappant, et pour que le lecteur souffre encore plus pour son héros, il fallait, semble-t-il, que le bel homme soit idiot. Du coup, l'attitude de Cyrano n'est plus superbe, elle est absurde ; quant à son silence à la mort de Christian, c'est presque de la cruauté.



Et voilà comment d'une histoire sans égale, on fait un roman pitoyable incapable de tirer des larmes au moindre lecteur ? à moins que ce ne soit des larmes de rage face à un tel massacre !



Faustina Fiore

Née à Paris en 1976 de père italien et de mère française, elle a grandi dans une atmosphère bilingue. Ayant par la suite appris l'anglais en séjournant à Londres, l'espagnol pour des raisons familiales, et un allemand scolaire, elle a voulu concilier son plurilinguisme avec son intérêt pour la littérature jeunesse internationale. Elle est donc devenue en 2003 lectrice / traductrice de livres pour enfants, et passe tout son temps libre à chercher des romans italiens, espagnols ou anglais qui méritent d'être traduits en français. Elle vit actuellement à Paris.





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FRANCE


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Faustina Fiore

Faustina Fiore
Traductrice et adaptatrice
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»  Faustina Fiore

»  Oxford University Press


Publié le 31 / 01 / 2006.


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