Le conseil communautaire va participer à une étude sur le projet d'un musée Cyrano
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Façon Warhol chez un opticien créatif, ou statue figée : Cyrano toujours... PHOTO DR ET ARCHIVES ÉMILIE DROUINAUD
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Qui dit Bergerac, dit Cyrano.
Pourtant, quelle est la place du personnage réel ou imaginaire dans la ville ? Deux statues dont on vole régulièrement le nez en guise de trophée touristique et une quinzaine d'activités commerciales, allant de la crémerie à la coutellerie, de la boulangerie au cinéma. Pauvre Cyrano ! Associé aux sauces les plus lourdingues, à toutes les manifestations gastronomicosportives : tables, grappe, foulées. Réduit au niveau du confit et de la pomme de terre sarladaise. C'est un flop, c'est un bide, que dire... une rodomontade.
La vraie question est : les Bergeracois aiment-ils vraiment Cyrano, personnage double, immatériel, ambigu ? Faut-il le traîner comme un boulet poussiéreux qui entraverait une politique touristique et culturelle plus ancrée dans son siècle ? On se souvient de ce cri du coeur, lors des dernières Assises du commerce, alors qu'il s'agissait de plancher sur une nouvelle image de la ville : « Et pas le sempiternel Cyrano ou le vieux pont ! » Après le confit, le voilà remisé parmi les vieilles pierres. La provocation fait bondir Pierre Roche-Bayard, qui n'est pas seulement un fervent défenseur d'un projet de musée à partir de la collection de son ami bergeracois aujourd'hui disparu Jean-Louis Leclair, mais qui pourrait en remontrer à beaucoup en matière de marketing. « En tout cas, je sais que chaque fois que je suis allé en Chine, Bergerac, personne ne connaissait. Mais Cyrano, oui. Il est universel. » Amusez-vous à chercher Cyrano dans « Google actualités » et chaque jour vous trouverez une actualité aux quatre coins de la planète. Mardi soir, lorsqu'il s'est agi de voter une participation à l'étude consacrée au projet de musée, Fabien Ruet, adjoint bergeracois à l'urbanisme et au patrimoine, a plaidé la main sur le coeur « L'image de Cyrano est un formidable cadeau offert par Edmond Rostand. Son personnage est connu dans le monde entier, symbole du panache à la française érigé au rang de mythe de la littérature mondiale aux côtés de Don Quijote ou d'Hamlet. Même si ce héros n'a plus rien à voir avec celui qui l'avait inspiré, Cyrano est un élément incontournable de notre patrimoine immatériel. »
L'exemple Don Quichotte
À l'Office de tourisme de Ciudad Real, où se trouve le musée Don Quichotte, on ne tarit pas d'éloges sur le héros de Cervantes : « Nous avons tout un itinéraire touristique autour des moulins dans la région. Don Quichotte a une énorme force attractive. » Tout le monde est bien d'accord là-dessus : si musée il y a, il ne devra donner aucune prise à la poussière. « L'idée d'un musée Cyrano à Bergerac est dans l'air du temps depuis de nombreuses années, mais elle ne peut souffrir de médiocrité », insiste Fabien Ruet. « Elle ne part pas de rien et repose sur de nombreuses initiatives privées. » Mais là encore, gare aux moulins à vent ! Il y a quelques mois on parlait d'un grand projet englobant Bridoire et Biron. Dans les oubliettes aujourd'hui. On se concentre donc sur l'espace laissé libre par le labo du CIVRB, avec l'ambition affichée de 100 000 visiteurs par an contre 30 000 actuellement pour la seule Maison des vins. L'étude aura pour mission de faire appel à des spécialistes pour proposer un projet pouvant être inscrit dans la démarche de labellisation Ville et Pays d'art et d'histoire.
© Christine Lamaison, Sud-Ouest